Compte-rendu de la rencontre avec Arthur Bernard le lundi 16 avril
2007 dans le cadre des Eclats de lire
à la Maison des Ecritures
Jacques Charmatz rappelle que Arthur Bernard a été reçu
au festival du 1er roman en 1989 avec un livre introuvable édité
par une maison d’édition grenobloise, Olivier Gadet, et souligne
la particularité d’AB, professeur de sciences politiques et romancier
à la fois. Champ Vallon, de Seyssel, l’éditeur de son dernier
livre, « La guerre avec ma mère » que nous avions
invité, n’a pas pu venir présenter AB et c’est Catherine
Goffaux-Hoepffner, la talentueuse directrice de la grande bibliothèque
de la Part-Dieu à Lyon qui le fera. Ensuite vous pourrez poser à
AB toutes les questions que vous voudrez.(Voir ci-jointe la présentation
de Catherine Goffaux-Hœpffner) .
C.G-H. Je te lis depuis 1988 et je prends toujours le même
plaisir. Et je me demande encore pourquoi ton nom n’émerge pas
davantage, comme celui de Jean Echenoz, par ex.
AB : j’ai pourtant été invité au
« Bateau livre » le dimanche matin à la télévision.
Laure Adler, qui était lectrice invitée, avait dit beaucoup de
mal de mon livre. Les deux autres auteurs invités, dont William Boyce,
m’ont défendu. C’était comme dans un western, à
celui qui tirait le premier… (rires) Je suis aussi passé à
France-Culture, j’ai aussi eu beaucoup d’articles.
C.G-H. : pourquoi ces signatures différentes ? ça
donne le tournis pour les recherches en catalogues. Est-ce du dandysme ?
AB : il est vrai que ce n’est pas un bon plan pour la
communication, on me l’a dit . J’ai commencé par écrire
des romans, refusés honorablement par Minuit et le Seuil tout en préparant
ma thèse, et je suis devenu professeur d’université. Mon
vrai nom est Jean-Pierre Arthur Bernard. J’ai eu envie de distinguer mes
travaux universitaires sous ce nom mes romans sous celui d’Arthur Bernard.
Je comprends ceux qui ne s’y retrouvent pas. J’ai quelques milliers
de lecteurs, ce n’est pas si mal. Je suis pour l’éternité
dans les bibliothèques, qu’elle soient ici ou des USA. J’aime
bien le petit nombre, ce n’est ni de l’élitisme ni du dandysme.
Je ne comprendrais pas si j’avais un million de lecteurs. Je suis même
surpris que chaque année 10 personnes achètent un de mes livres.
C.G-H : peux-tu nous dire quel lecteur tu es ? car tu as des
personnages qui portent des noms d’écrivains, tu fais des citations
du « Livre de la jungle », ou des romans anglais, ou des
romanciers russes dans « La nuit de Beaumont ». quel lecteur
es-tu pour la littérature mais aussi de la presse ?
JC rappelle l’importance des détaisl chez AB,
par ex. l’éléphant sculpté par le père dans
« La guerre avec ma mère »
Il n’est pas seulement très bon lecteur mais il est aussi re-lecteur.
AB : je lis tout le temps, même quand j’écris.
Ecrire et lire c’est pour moi la même chose. Mon écriture
est une relecture recyclée, je sais où sont les traces, quelquefois
j’oublie, peu importe.
JC : par ex. la phrase « j’étais né
libre et nulle part je n’étais dans les fers », ça
fait classique.
AB : oui c’est pas très malin ça, c’est
un pastiche. Il est vrai que je lis beaucoup, des grands et même des auteurs
mineurs. Il y en a que j’aime, d’autres que je déteste. Il
n’y a plus des grands auteurs. Il y a par contre beaucoup de très
bons auteurs mineurs. Je n’aime pas les auteurs qui écrivent avec
des grandes orgues. Je me sens mineur. Mes lectures nourrissent ce que j’écris.
Quand j’étais à Santa Barbara je passais mes journées
entières dans les bibliothèques, très riches aux US, des
bons auteurs et beaucoup de médiocres. Je lisais tout. Même la
presse, l’Equipe, le Figaro etc, mais pas les magazines.
C.G-H : une prise de notes permanente alors ?
AB : oui j’ai toujours un carnet qui traîne, mais
il y a des notes qui ne me servent jamais.
JC : on s’est intitulé Observatoire de l’écriture
et de la lecture, j’aime votre liaison étroite entre les deux.
Il cite Pierre Bayard : « Chaque lecteur écrit dans les marges
de sa lecture ». Dans tout lecteur il y a un scribe conscient ou
pas.
AB : je suis d’accord. Les romanciers américains
et russes se réclament de l’expérience de la vie, mais il
me semble que la vie ne suffit pas, voir Faulkner ou Dostoievsky. Je ne peux
pas imaginer écrire sans lire ou lire sans écrire.
JC lit un passage de « La guerre avec ma mère »
sur la Bible et l’ange Gabriel, puis il évoque le livre d’Ernest
Bloch intitulé « Le principe espérance »
que cite AB, et le personnage nommé Gabriel.
AB : si je joue avec les mots comme avec les citations, même
la Bible, ce n’est pas pour jouer à l’érudit, je me
fiche de l’érudition. Ce qui m’importe c’est que ça
tienne le coup littérairement. Je ne suis pas un mystique qui s’ignore.
Albert Fachler : la pensée juive du 19ème siècle est une
grande fabrique d’utopie, on peut donc considérer le marxisme comme
une des grandes utopies des siècles derniers. Il y a des pages de Sholem
sur les sources mystiques des grandes utopies socialistes. Concernant les archanges
c’est une tentative désespérée pour donner des attributs
à Dieu. Gabriel est le « héraut » de Dieu au sens
médiatique, le champion, comme Lancelot, comme Perceval ; comme Raphaël
est l’homme qui guérit. Chacun des personnages archanges est un
attribut. Quant à Bloch, c’est un nom commun qui a permis à
Tristan Bernard de dire : « Triste époque celle où l’on
bloque les coffres et où l’on coffre les Bloch »(rires)
Q : à propos des textes d’AB sur Paris : il en
parle au masculin comme au féminin.
AB : j’aime Paris, j’y étais entre 19 et
33 ans, j’y retourne souvent, je marche beaucoup, partout, je m’y
perds ; Paris est une ville mentale, une ville bibliothèque. Walter Benjamin,
pour lequel j’ai une grande admiration, en a parlé beaucoup mieux
que moi. J’aime les murs, les ciels, les couleurs de Paris, les filles,
les femmes, les coins de rue, « l’aventure est au coin de la
rue ». J’ai du mal à concevoir un roman sans y mettre
Paris, sous forme de trace, de nostalgie, de je ne sais quoi. Paris c’est
ma ville. Mes travaux sur Paris c’est une manière de renouer des
fils avec ce que j’y ai vécu. C’est une ville-littérature.
On y marche constamment dans des traces du passé comme dans ses propres
traces. Il y a des choses que je n’aime pas à Paris, ville d’opportunismes,
« ville pourrie de fumées » comme dit notre ami Rousseau,
mais c’est une ville ouverte. A Grenoble je suis en exil. Je n’ai
aucun mépris pour Grenoble, j’y ai ma famille, j’y enseigne,
mais je n’aime pas la montagne, je me sens enfermé. J’aime
passionnément l’eau : il y a deux fleuves dans ma vie, la Seine
et le Rhône. La Seine, redoutable, lente, et le Rhône, violent,
fort, fascinant. L’Isère ne me fascine pas. Je suis né à
Valence. Le Rhône m’a toujours transporté, dans mon imagination,
même si les barrages l’ont castré : il en avait, il n’en
a plus.
Question d’AF : est-ce que comme Stendhal qui détestait
aussi Grenoble, la politique peut être un sujet de littérature
?
AB : tout à fait. J’étais gaucho à
vingt ans je le suis a soixante-six. J’ai étudié le PCF
mais je suis très loin de son côté autoritaire et dogmatique.
J’enseigne l’histoire des idées politiques : la politique
m’intéresse sous cet angle-là. Je n’ai milité
dans aucun parti ; ce qui me plaisait dans ces petits groupes gauchistes c’était
leur antimilitarisme. J’ai cependant aimé l’idée de
la révolution.
Question : sur quoi aimez-vous écrire ?
AB :. Je ne sais pas, peut-être le cinéma noir
américain, ou Godart. J’ai plus d’admiration pour lui que
pour beaucoup d’écrivains. Avant de commencer un livre, je me pose
pas la question et il y a une phrase ou une image qui me viennent. Ex le début
de « On n’est pas d’ici », longue description
de la photo de cet officier mexicain qu’on va fusiller et qui fume tranquillement
dos au mur en attendant que le peloton l’exécute. Cette photo m’a
fasciné.
Quand je termine un livre j’en commence aussitôt un autre. Question
d’hygiène.
Propos : on a l’impression d’une pelote qui se
déroule…
AB : une phrase m’est venue « aujourd’hui
le pêcheur a apporté des maquereaux… » et à
partir de cette phrase j’ai brodé, l’histoire d’un
type qui est chez lui, qui broie du noir etc. ; à part ça je n’ai
aucune inspiration.
Une phrase de Rémy de Gourmont, vieux réactionnaire du 19ème
siècle : « il y a deux types d’écrivains, celui
qui écrit et celui qui n’écrit pas. » Voyez dans
lequel je me situe…
C.G-H : tu fais souvent un portrait de la société
des années 70 ; j’attends que tu traites de la modernité
que tu te rapproches de nous, j’ai envie de ta lucidité sur le
monde d’aujourd’hui.
AB : ce que j’écris est daté et pas daté,
il y a ces deux parts permanentes : à la fois ce qui est démodé
et intemporel. Contrairement à François Bon j’essaie de
décrire les choses qui s’en vont, qui se défont. Je me sens
proche d’un écrivain comme Jean Rollin, que j’admire beaucoup,
ou Jean Echenoz, écrivains qui prennent en compte le détail, non
comme ceux du Nouveau Roman qui s’attardait sur une tache sur une table
comme Robbe-Grillet, mais comme Rollin sur une tache de rouille au flanc d’un
vieux cargo qui se défait dans un port.
Q : vous souvenez-vous de votre venue au Festival du 1er roman
en 89 ?
AB : très bien, je me souviens de la chaleur de l’accueil,
(et pourtant il faisait un printemps très froid, j’étais
frigorifié sous les arcades),de l’ambiance, des écrivains
que j’y avais rencontré et avec qui je suis resté en contact,
Christian Lehmann, Marie Didier, Michel Besnier…
Q : c’était votre premier roman mais ce n’était
pas votre premier écrit ?
AB : c’est vrai, j’ai toujours écrit, comme
j’ai toujours lu. A 20 ans j’avais donné un manuscrit à
Jean Cayrol, très grand écrivain, qui m’avait reçu
plusieurs fois, qui m’avait donné de très bons conseils.
Q : vos relations avec les éditeurs ?
AB : j’en ai eu trois : Minuit, Cent pages et Champvallon.
J’ai eu la chance d’avoir eu des relations directes, face à
face, avec les éditeurs, sans passer par un comité de lecture
ou un agent littéraire. Ils ont aimé, pas aimé, ils m’ont
pris, refusé. Je me souviens que Jérôme Lindon avait beaucoup
soutenu « La chute des graves », comme si j’étais
Beckett. Il avait l’exquise politesse d’un grand bourgeois qu’il
était, avec tout le monde, aussi bien pour vous recevoir que pour vous
mettre à la porte. Quand on était avec lui on avait l’impression
d’être dans un cercle de grands écrivains, Simon, Pinget,
Beckett… J’aime le face à face, comme dans mon principal
métier, avec mes étudiants.
Q : que pensez-vous de la phrase de JJRousseau : « pour
bien écrire il ne faut pas en faire son métier » ?
AB : j’aime beaucoup Rousseau, comme j’aime aussi
Joseph de Maistre, qui sont tous deux de grands écrivains. Cette phrase
de JJR je la comprends très bien. J’ai mon métier de professeur,
et l’écriture est pour moi le besoin d’assouvir un désir
de création, sans prétention, sans être salarié d’un
éditeur. Je mets mes deux activités sur le même plan. Quand
j’étais jeune je croyais à l’inspiration, j’écrivais
ma thèse, des poèmes, des articles, des romans. Je pensais qu’en
une nuit je pouvais écrire 10 pages et m’arrêter en attendant
une autre inspiration. Depuis, j’ai compris que l’écriture
c’est à faire tous les jours, non comme une passion ni comme la
pêche à la ligne, mais comme une gymnastique, une hygiène,
je m’impose une contrainte quotidienne, une discipline : « pas un
jour sans une ligne ». Stendhal disait : « Un écrivain est
celui qui écrit 30 lignes par jour, tous les jours. »
Q : avez-vous des interfaces avec d’autres expressions
artistiques, musique, peinture ?
AB : oui .J’aime beaucoup la peinture et souvent je pars
de tableaux ou de photographies. La musique aussi, oui. Par contre je ne peux
pas écouter de musique en écrivant.
Q : écrivez-vous sur les autres écrivains ?
AB : j’aime parler de littérature, avec mes étudiants.
Paradoxalement, plus j’aime un écrivain, moins j’ai envie
d’écrire sur lui. J’ai une passion pour Céline, je
me vois mal écrire sur lui. Je serais très maladroit, je ne saurais
pas faire. Il y en a qui savent. Voir Michaux sur Faulkner.
JC : plus de questions ? Il nous reste à remercier Arthur
Bernard.
Applaudissements CR par BM
Présentation d’Arthur Bernard par Catherine Goffaux-Hoepffner
:
Je commence le plus classiquement du monde en indiquant que vous avez fait
vos études à Valence, puis à Grenoble et Paris. Que vous
avez été chercheur à la Maison des Sciences de l’Homme,
et que vous êtes professeur à l’Institut d’Études
politiques de Grenoble, où vous enseignez l’histoire des idées
politiques et celle des mentalités. Vous n’avez reçu aucune
distinction littéraire et aucune décoration.
Votre bibliographie compte quatre essais et neuf romans. Vos essais portent
tous sur Paris, à l’exception du premier qui traite du PCF et de
la question littéraire pendant les années 1920. Puis viennent
un travail intitulé Paris rouge, sur les communistes français
entre 1944 et 1964 à Paris ; deux ans plus tard, un autre travail, Les
Représentations de Paris dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Enfin, ce qui est sans doute une commande d’éditeur, trois compilations
de textes sur cette même ville, sous le titre Le Goût de Paris.
À chaque fois, vous vous attaquez plus à l’histoire culturelle
qu’idéologique ou politique. Parlant de cette ville, vous faites
vôtre la belle image de Walter Benjamin : « Paris est la grande
salle de lecture d’une bibliothèque que traverse la Seine ».
Vous avez engrangé des textes d’écrivains mineurs aussi
bien que majeurs, ainsi que des articles et des chroniques. Ces livres sont
de véritables feuilletés de citations que vous mettez magnifiquement
en valeur. L’addition de votre bibliographie primaire et de votre bibliographie
secondaire pour Les Représentations de Paris compte 680 références,
références réunies pour montrer comment la littérature
fait Paris et comment Paris fabrique de la littérature.
De leur côté, vos deux premiers romans, Les Parapets de l’Europe
et La Chute des Graves font mine d’emprunter des éléments
à l’histoire, la grande, mais sous un jour rocambolesque, fantaisiste
et dérisoire. Il y est question de mouvements de libération nationale,
de terrorisme, de chantages, de transports de fonds, de missions secrètes
dont les missionnés eux-mêmes ignorent les enjeux.
Vos romans se succèdent : La Petite Vitesse, L’Ami de Beaumont,
L’Oubli de la natation. Il s’y passe de moins en moins de péripéties,
il y a comme un amenuisement progressif de l’intrigue, voire sa quasi-disparition.
Vous vous attardez sur des gens de peu, des silencieuses et des taiseux. Sur
des procrastinateurs, des revenus de tout, des pseudo-anachorètes, des
sédentaires qui rêvent de voyager, des sortes de Bouvard et Pécuchet.
Vous leur conférez parfois une dimension mythologique, ainsi qu’à
leurs amoureuses, nombreuses, leurs amoureuses. Vous leur inventez des amitiés
masculines, peu nombreuses, indéfectiblement fidèles.
Alors, comment parvenez-vous à nous passionner pour l’anodin ?
Vous y parvenez par votre style. Si, dans les deux premiers romans, vous utilisez
« encore » le dialogue en style direct, dans les suivants, vous
n’utilisez plus que le style indirect libre pour le long monologue de
tel ou tel narrateur ou pour tel ou tel récit impersonnel à la
troisième personne. Toujours vous restituez l’oralité de
façon parfaitement crédible. Parfois, vous vous mettez en jambes
avec la description d’une photographie à partir de laquelle vous
brodez toute une histoire, que vous enchâssez dans l’autre histoire,
la principale. Et dès que vous êtes lancé, ce n’est
plus qu’une cascade d’ellipses, de raccourcis, de suspensions, de
récapitulations. Vous créez des rimes, des allitérations,
des homophonies, autrement appelées paronomases. Vous bouleversez la
syntaxe, vous la rompez, ce qui porte le joli nom d’anacoluthe, presque
un nom de fleur, ces noms de fleurs que vous citez si volontiers. Vous malmenez
la ponctuation, voire la supprimez. Vous égrenez des listes (de noms
de bateaux et de vents, de surnoms), vous rapportez aussi bien les cours de
la Bourse que le classement final des championnats de football pour la saison
1960-1961. Vous forgez des définitions et des maximes. Vous rajeunissez
les proverbes, les clichés, les tropismes. Tout cela va legato-staccato-crescendo-decrescendo,
avec très peu de decrescendos. Vous surprenez avec des anti-phrases,
et la plus belle se trouve dans votre dernier titre, La Guerre avec ma mère.
Vous soignez les détails pour leurs précisions particulières
mais aussi pour leur approximation générale, c’est vous-même
qui le dîtes.
Vous agacez avec des répétitions, mais quand elles touchent au
ressassement, votre lecteur a réellement l’impression de saisir
l’épaisseur d’un personnage et de pénétrer
dans le flux d’une conscience. Une conscience souvent malheureuse, que
sauve l’humour.
De livre en livre, votre lecteur a également l’impression d’être
admis dans votre univers. Mieux, la récurrence de certains thèmes
l’autorise, avec toutes les précautions et la distance qui s’imposent,
à imaginer que vous êtes :
- un lecteur de fond papivore, fou de l’imprimé, grand consommateur
de presse écrite, indifférent aux hiérarchies, et cependant
plein de partis pris ;
- que vous êtes une personne désenchantée et même
une personne mélancolique, mais de la catégorie des mélancoliques
combatifs donc besogneux. Même vos travaux universitaires sont traversés
par le spleen, le spleen de Paris bien entendu ;
- que vous êtes fâché avec la vie matérielle ;
- que vous êtes quelqu’un qui sait toujours tout avant tout le monde,
sur le jazz, la politique, le grec, jusqu’à la fin des films que
vous n’avez pas vus ;
- que vous vous méfiez de la bien-pensance, un mot qui revient à
plusieurs reprises dans un minuscule essai, C’était pire avant,
lequel est comme un condensé du sens profond, plurivoque, mais sans ambiguïté
que recèlent, sous les figures de style et le second degré, vos
romans.